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Déclaration liminaire de la FSU Guadeloupe : CTA du 8 avril 2019

 

Monsieur le Recteur,

La FSU Guadeloupe tient en préalable à ce Comité Technique Académique à dénoncer le projet de loi sur la fonction publique qui prévoit la disparition du paritarisme, et la réduction du pouvoir des CHSCT. Le paritarisme est une garantie fondamentale pour les fonctionnaires et notre fédération syndicale dénoncera dans toutes les instances toute velléité de le remettre en cause.

Pour un ministre qui dès son installation rue de Grenelle avait claironné que son nom ne serait pas associé à une énième loi sur l’école, Jean-Michel Blanquer se distingue. Car projet de loi il y a bel et bien. Et annoncé à l’origine pour donner un cadre législatif à l’instruction obligatoire dès 3 ans, il a enflé au fil des semaines pour devenir, à l’issue des débats à l’Assemblée nationale, un tout cohérent qui inquiète à bien des égards.

Silence dans les rangs, des étrennes pour le privé, des usines du socle avec les « établissements publics locaux des savoirs fondamentaux » dont l’objectif est d’en finir avec la direction d’école sous sa forme actuelle, en introduisant un statut hiérarchique dans le premier degré, en dépossédant une partie des actuels directeurs de leurs missions et en les renvoyant dans leur classe, les délices de l’auto-évaluation avec pour corollaire une mise en concurrence des établissements et pour les enseignants une dépossession de leur liberté pédagogique ainsi que la rémunération au mérite.

Marqué par une restructuration majeure de l’organisation de l’école et un autoritarisme manifeste distillé au fil de ses articles, le projet de loi dit de « l’école de la confiance » ne s’attaque à aucune des difficultés du système éducatif. Au contraire, il risque bien de les creuser. La FSU ne laissera pas faire.

La FSU a appelé à la mobilisation et à la grève les 19 mars et 4 avril pour dénoncer la politique de casse du service public d’éducation et du statut de la fonction publique. Nous serons partie prenante le 11 avril dans le cadre du mouvement de grève illimitée sur le territoire de St-Martin.

Nous serons à nouveau mobilisés le 9 mai pour demander le retrait des textes de loi Blanquer et Darmanin.

Monsieur le Recteur, autant nous reprochions parfois l’immobilisme à vos prédécesseurs, autant votre action est visible, tant sur les réseaux sociaux que dans vos décisions. La FSU Guadeloupe a bien compris le message depuis votre arrivée : l’élitisme à tout crin, les projets qui font briller l’académie, dans le droit fil de ceux qui vous ont nommé à la tête de cette académie.

Malheureusement comme cette politique se fait à moyens décroissant, c’est la partie la plus fragile de la jeunesse, celle qui a pourtant le plus besoin de services publics, qui se trouve victime de celle-ci.

Monsieur le Recteur, votre choix de fermer des SEGPA en sud Basse Terre est une aberration pédagogique et un abandon de la jeunesse ! Envoyer en inclusion des élèves qui ont des besoins spécifiques, sans former les enseignants, sans donner une aide spécifique, qu’est-ce donc ? De 16 élèves par division avec un enseignant formé, les élèves qui relèvent de SEGPA se retrouvent noyés au milieu de 25 autres avec un enseignant qui n’a ni la formation, ni le temps, ni les moyens de les prendre en charge.

La FSU dénonce ce choix qui condamne délibérément des jeunes à l’échec ! Par ailleurs, Monsieur le Recteur, la FSU souhaite vous rappeler que l’ensemble des élèves de SEGPA doivent bénéficier des mêmes horaires d’EPS que tous les autres élèves du collège. A savoir 4h en 6ème et 3h en 5ème, 4ème et 3ème. L’apparition d’échanges de service de seulement 2h avec les professeurs d’EPS dans les TRMD de certains établissements pour les niveaux 5ème, 4ème et 3ème doit par conséquent attirer l’attention des corps d’inspection de l’EPS et du 1er degré. Il nous semble, en effet, important de s’assurer que les élèves les plus fragiles et pour qui l’activité physique est génératrice de bien être, d’apaisement, d’amélioration à la concentration, de développement cognitif et moteur en bénéficie dans les proportions qui leurs sont dues par l’institution.

Monsieur le Recteur, contrairement à ce qui a été affirmé partout, la carte de l’éducation prioritaire a été modifiée cette année. Pour les académies qui en ont fait la demande ! Et pour ceux qui ont demandé, le nombre d’établissement s’est accru ! Dans le BOEN n°9 du 28 février 2019, on découvre que la carte de l’Éducation prioritaire s’est accrue en Guyane et à la Réunion ! Pour la peau de chagrin de la Guadeloupe, rien ? Il est vrai que dans l’idéologie de trop nombreux acteurs de cette académie, tous plus élitistes les uns que les autres, on ne va quand même pas demander des moyens pour aider les enfants des classes populaires à réussir. Tant que l’on peut se pavaner d’avoir généré une mixité des élites !

Monsieur le Recteur, faute d’avoir négocié quoique ce soit avec le ministère, ce dernier vous a demandé de rendre 86 équivalents temps plein, non pas 86 postes, mais bien 86 équivalents temps plein, puisque c’est le plafond d’emploi qui baisse ! Or, selon notre décompte, ce sont 119 équivalents temps plein que vous supprimez ! À une académie déjà en difficulté, vous pratiquez une saignée de 50 % supplémentaire à la prescription ! À quel titre détruisez-vous plus d’emplois que vous en demande le ministère ? Il ne suffit donc pas de mettre en difficulté les élèves et les enseignants, il faut aussi les punir.

Pourquoi refuser de nous présenter le nombre de moyens de remplacement disponibles dans le second degré pour notre académie ? N’est ce pas le cas pour le 1er degré ? Pourquoi refuser de nous présenter le nombre d’IMP distribuées d’année en année ? Pourquoi refuser de nous présenter l’ensemble des BOP de l’académie ? Il s’agit de moyens et d’argent public Monsieur le Recteur. Qui a-t-il donc à cacher ?

Monsieur le Recteur, au sortir des trois journées de grève de l’académie, vous vous étiez engagé à étudier l’ensemble des demandes de transformation d’heures supplémentaires en heures postes. Force est de constater au sortir du groupe de travail préalable à ce comité technique que vous n’avez pas tenu parole. Monsieur le Recteur, vous n’avez étudié que quelques demandes de chefs d’établissement, et non l’ensemble des demandes faites par les équipes pédagogiques, et qui vous ont pourtant été adressées. Certaines demandes de chefs d’établissement ont même été oubliées, comme celle de recréation d’un poste d’arts plastiques à Gourbeyre. D’autres décisions émanent carrément de vos services et vont à l’encontre des propositions du chef d’établissement et de son CA. C’est le cas de la suppression d’un poste de 20h d’EPS au collège Yssap de Ste Anne et de l’immédiate recréation d’un BMP de 20h ! Oui 20 h M le Recteur soit très exactement la quotité du poste qui est supprimé ! Mais d’où vient cette folie de votre administration ! Qui vise-t- elle ? Quelle haine est donc vouée à cette discipline ?

Comment allez-vous gérer Monsieur le Recteur toutes les heures supplémentaires que les collègues se sont déjà engagés à ne pas prendre à la rentrée prochaine et que vous avez refusé de traiter ? Allez-vous recruter des centaines de précaires supplémentaires ?

Monsieur le Recteur, nous avons constaté que dans un certain nombre d’établissements où la DGH a été adoptée par le conseil d’administration, vous avez décidé d’outrepasser vos prérogatives en modifiant les structures des DGH. Nous vous rappelons que le Conseil d’État dans son arrêt du 23 mars 2011 a rappelé la souveraineté du Conseil d’Administration puis le Tribunal Administratif de Lille en avril 2014 a cassé les décisions de ne pas respecter les votes en conseil d’administration.

Monsieur le Recteur, il nous faut également rappeler que des irrégularités s’accumulent concernant les votes de DHG par les Conseils d’Administration : Vote avant CTA DHG, Convocations irrégulières (délais, documents non transmis, suppléants plutôt que titulaires, …), … Monsieur le Recteur, comme la FSU ne cesse de vous le répéter, ces irrégularités découlent directement de la pression exercée par vos services sur les chefs d’Établissement par l’intermédiaire des ratios HP / HSA. Mis dans une posture où aucun débat n’est possible car leurs marges de manœuvre sont quasi inexistantes, de plus en plus de chefs d’établissement préfèrent jouer de déloyauté envers leurs équipes plutôt que de risquer une nouvelle dégradation de leurs relations avec vos services. Celle-ci serait en effet préjudiciables à plus long terme pour leurs carrières. La FSU refuse que ce moment de délibération démocratique, lui aussi attaqué par la loi Blanquer qui souhaite donner tout pouvoir à la commission permanente en dépossédant le CA de nombreux votes, soit transformé en une courroie de transmission par vos services.

Monsieur le Recteur, la FSU souhaite encore une fois dénoncer l’interprétation qui est faite par l’administration du point 3 de l’article 4 du Décret n° 2014-940 du 20 août 2014 relatif aux obligations de service et aux missions des personnels enseignants exerçant dans un établissement public d’enseignement du second degré. Il y est, en effet, précisé : « Dans l’intérêt du service, les enseignants mentionnés aux 1°, 2°, 3° et 4° du I de l’article 2 du présent décret peuvent être tenus d’effectuer, sauf empêchement pour raison de santé, une heure supplémentaire hebdomadaire en sus de leur maximum de service. »

L’administration omet systématiquement le début de la phrase « dans l’intérêt du service » pour imposer aux enseignants des services systématiquement de 19h ou 21h en lieu et place des maximas de service légaux de 18h et 20H. Elle détourne, par conséquent, une règle visant à offrir de la flexibilité aux chefs d’établissement dans l’intérêt des services offerts aux élèves. Cette règle doit en effet permettre autant que faire ce peu de limiter la génération de services partagés et BMP qui dégradent incontestablement les possibilités d’investissement au service de leurs élèves des enseignants qui les subissent.

La FSU dénonce, par conséquent, les BMP ou services partagés qui sont générés par votre administration alors que les besoins correspondent très exactement aux apports des supports d’enseignants implantés dans l’établissement. A l’encontre de l’esprit de cette règle, votre administration se permet de dégrader le service des enseignants et donc d’aller à l’encontre de l’intérêt du service.

Monsieur le Recteur, vous avez décidé de la fermeture d’un demi-poste au CIO Nord Basse Terre. Ce choix va dégrader le service public d’information dans la mesure où les personnels qui resteront en poste ne pourront remplir leurs missions telles qu’elles sont prévues par la législation en vigueur ! De ce fait, sur ce territoire, vous créerez une inégalité entre ceux qui auront les moyens d’aller chercher l’information, ailleurs, en payant des officine privées et ceux qui ne pourront pas et devront ce contenter d’un service public abîmé par vos choix !

La FSU Guadeloupe vous demande de revoir point par point l’ensemble des demandes qui vous ont été adressées pour éviter une rentrée catastrophique !

Monsieur le recteur, en quelques mois, la DAASEN, le DRRH et maintenant le secrétaire général ont changé. Le Ministère de l’éducation nationale a émis sur son portail de la fonction publique une offre d’emploi référencé 2019-174252 afin de pouvoir au poste de secrétaire général d’académie à compter du 15 avril 2019. Cette offre d’emploi exige notamment que les candidats devront avoir :
– une aptitude avérée pour le dialogue social et la gestion des ressources humaines, dans un contexte ultramarin marqué par des échanges fréquents et directs avec les élus et par des sollicitations régulières des différents acteurs de l’éducation.
– une capacité à arbitrer les différends et à incarner au quotidien la neutralité bienveillante de l’État.

La FSU Guadeloupe, soucieuse de l’équité et de la transparence des traitements des situations des personnels de l’académie, restera mobilisée afin que le prochain secrétaire général d’académie, tout comme la nouvelle Secrétaire Générale Adjointe DRRH et tous les cadres de notre académie puissent dans l’exercice de leurs missions répondre au mieux aux exigences du cahier des charges ainsi publiées.

Parmi les dossiers à traiter en urgence, celui des collègues non-titulaires n’est pas des moindres. La FSU Guadeloupe constate une inflation de collègues non-titulaires qui nous sollicitent pour des irrégularités juridiques concernant leurs contrats et leurs droits. La FSU Guadeloupe a encore suivi un dossier dont le jugement est une nouvelle fois défavorable à l’administration. Cela n’aurait pas d’incidence si les condamnations étaient financées sur vos fonds propres, Monsieur le Recteur. Malheureusement, vos manquements à la loi sont financés par les deniers publics de l’impôt !

C’est pourquoi la FSU vous demande de respecter le Droit et les droits des personnels, quand bien même ils ne sont pas titulaires, quand bien même ils sont précaires.

Par ailleurs vous recrutez de nombreux nouveaux non-titulaires. Or la législation préconise explicitement que ces précaires doivent être accompagnés d’un tuteur, ce qui n’est absolument pas le cas dans notre académie. Nous vous demandons Monsieur le Recteur de respecter la législation en vigueur ! En outre, Le ministère a décidé d’encadrer très clairement le droit des non-titulaires avec la publication du décret du 29 Août 2016, et de la circulaire d’application du 20 mars 2017. Malheureusement pour les non-titulaires, Monsieur le Recteur vous avez décidé de vous affranchir du droit et vous continuez d’ignorer ces deux textes, ouvrant la porte à une nouvelle gabegie d’argent public avec l’ensemble des collègues qui sont en passe d’aller devant les tribunaux. À chaque fois que le tribunal vous condamne, ce sont des dizaines de milliers d’euros que les contribuables doivent payer pour vos errements !

Monsieur le Recteur, la FSU souhaite également que le changement de DRRH et de Secrétaire Général puisse enfin permettre de trouver une solution pour les collègues d’abord éligibles aux ISSR puis ensuite dans la même année aux frais de déplacement. Aujourd’hui ils ne sont pas rembourser de leurs frais de déplacement et de repas à partir du moment où ils ne sont pas toute l’année sous le même régime. C’est pour la FSU inacceptable ! Les collègues en remplacement ou suppléance n’ont pas à payer ces frais liés à l’exercice spécifique de leur profession et de la mission de Titulaire de Zone de Remplacement. Certains dossiers sont en souffrance depuis 2 ans et demi.

La FSU dénonce, par ailleurs, le choix de votre administration de ne pas imputer aux services les déclaration d’Accidents ayant eu lieu pendant les périodes d’échouage particulièrement sévères de Sargasses et faisant mention de symptômes en concordance avec les effets d’une exposition aux gaz dégagés par leurs décompositions. Elle dénonce d’autant plus votre choix que vous refusez de saisir la commission de réforme alors que des recours contestant cette décision administrative vous sont parvenus et exigent par conséquent de votre part de demander conseil aux médecins de cette commission. M le Recteur vous êtes responsables de la santé de vos personnels ! Serait-on en train de jouer avec leur santé !

Comme les représentants des personnels enseignants, les représentants des personnels administratifs ont été convoqués jeudi 21 mars 2019 au groupe de travail préparatoire du CTA munis des documents de travail du CTA. La séance a commencé en l’absence du secrétaire général et de la chef de la DPEATSS. Très rapidement, le chef de la DBM a annoncé qu’il n’aborderait que le point concernant la suppression des postes enseignants, qu’il ne connaissait pas le dossier des postes administratifs pour lequel il y avait déjà eu 2 réunions avec les organisations syndicales, et qu’en l’absence de la personne en charge de ce dossier, il pouvait juste noter les éventuelles questions et les transmettre. Nous dénonçons encore une fois le NON respect des représentants des personnels élus au CTA, un traitement différencié des administratifs par rapport aux enseignants ! Pourtant ces 2 fameuses réunions préalables aux suppressions des postes administratifs sont loin d’avoir été efficaces, il y avait de quoi travailler encore sur le sujet : le tableau de répartition des moyens utilisé par vos services était truffé d’erreurs ! Il ne pouvait que l’être puisqu’il reflétait la situation de 2017 ! De plus, les documents de travail n’ont été remis qu’en début de séance, les deux fois, rendant impossible une vérification efficace de toutes les données. Suite à ces réunions préalables nous nous attendions à avoir en groupe de travail des informations complémentaires, des réponses à nos propositions, rien ! Et le relevé de conclusions fournit à l’issue de la première réunion ne reflète aucunement les discussions !

En effet, nous avons dénoncé la différence de traitement pour la suppression des postes entre le rectorat et les établissements: nous réclamons le respect du principe d’égalité de traitement ! Même les termes utilisés pour parler de ces suppressions ne sont pas les mêmes ! Sur la convocation, on parle de « mesure de carte scolaire » pour les enseignants et pour les administratifs d’« implantation des postes administratifs ».

Au rectorat, l’administration propose un passage en force qui pourrait conduire jusqu’à déplacer un agent sans lui laisser le choix de participer au mouvement intra-académique ! Or les personnels dont le poste est fermé par mesure de carte scolaire doivent être réaffectés dans le cadre des opérations de mutation en bénéficiant de priorités destinées à les réaffecter au plus près de leur ancien poste, tout en leur permettant, s’ils le souhaitent, d’exprimer d’autres vœux.

De plus, quand on ferme les postes vacants, postes sur lesquels sont positionnés des contractuels indispensables au fonctionnement, on met forcément en difficulté les services ! Cette façon de faire est inadmissible et témoigne une fois du plus du profond mépris de l’administration envers le personnel administratif !

En outre, pour garantir le droit des administratifs à un traitement équitable lors de l’examen des demandes de mutation intra-académique, nous exigeons une circulaire conforme à la note de service ministérielle du BO spécial du 22 novembre 2018 et surtout un barème. Le dernier barème disponible sur le site académique date de 2016 et certains items interpellent. Le serveur de saisie des vœux sera ouvert après ce CTA : sans barème concerté, nous sommes en droit de nous interroger sur les critères permettant l’affectation des collègues. De plus, pour que les agents puissent muter en toute connaissance de cause, nous demandons que les postes vacants ou susceptibles de l’être soient étiquetés (nature du poste ; logés ou non ; NBI, etc.).

Enfin, nous demandons la mise en place d’un comité technique spécial académique comme le prévoit l’arrêté du 10 mars 2014 modifiant l’arrêté du 8 avril 2011 ; une instance permettant une vraie gestion des administratifs. Il est plus que nécessaire que la gestion des personnels administratifs soit dépassionnée et juste.

 

Les commissaires paritaires de la FSU élus au CTA Guadeloupe.

Courrier SNEP-FSU au Ministre concernant les moyens de l’académie de Guadeloupe

 

Monsieur le Ministre,


Comme vous le savez, les problématiques ultra marines s’agissant du service public d’éducation sont extrêmement vives et ces territoires font bien souvent face à un manque cruel de moyens qui nuit à l’ambition de réussite de tous les élèves et à la prise en compte des difficultés. La Guadeloupe est un de ces territoires sur lequel une attention particulière devrait être portée.
La préparation de rentrée 2019 s’annonce assez catastrophique et ne pourra d’aucune manière répondre aux ambitions que vous fixez pour notre système éducatif. Les élus du personnel, face à cette situation, ont écrit une lettre ouverte au recteur pour dénoncer les conditions dans lesquels va se trouver l’Education nationale dès la rentrée.
Au nom de la FSU, je vous adresse cette lettre afin que vous puissiez juger de ce qui est à l’œuvre et le cas échéant, envisager de travailler à une autre préparation de rentrée au bénéfice de tous les élèves de Guadeloupe.
Dans l’attente de votre réaction et de vos propositions, soyez assuré, M. le Ministre, de notre attachement le plus profond au service public d’éducation.

Benoît HUBERT
Secrétaire Général du SNEP-FSU
76, rue des rondeaux 75020 Paris

Réformer la Fonction Publique : pour quoi faire ? (SNEP-FSU National)

 

Si la Fonction Publique a besoin de réformes afin d’améliorer le service public sur le territoire (santé, éducation, transport…) et reconnaitre l’engagement des agents, la volonté du gouvernement est tout autre ! Cela se lit rapidement dans la lettre de cadrage adressé par E. Philippe au comité CAP 22: «ce comité s’interrogera sur l’opportunité du maintien et le niveau de portage le plus pertinent de chaque politique publique. Cela pourra notamment le conduire à proposer des transferts entre les différents niveaux de collectivités publiques, des transferts au secteur privé, voire des abandons de missions». L’objectif n’était pas l’amélioration du service public, mais l’abandon de pan entier et l’ouverture au privé !

Affaiblir les services publics en brisant la Fonction Publique !

Dans l’histoire, deux lignes de forces se sont en permanence affrontées concernant la Fonction Publique. Celle de la vision d’un fonctionnaire sujet illustré par la phrase de Michel Debré «le fonctionnaire est un homme de silence, il sert… et il se tait», et la vision d’un fonctionnaire citoyen qui a été choisie lors de la mise en place du statut en 1946 et renforcé par les textes de 1983. Ce n’est pas pour rien que le choix d’un statut permettant une fonction publique démocratique, avec des agents citoyens se met en place au lendemain de la seconde guerre mondiale. Tout d’abord parce qu’on sait que quand le pouvoir est concentré il ne sert pas toujours l’intérêt général (régime de Vichy), alors que si une «parcelle de la puissance publique» est donnée à chaque fonctionnaire, cela permet davantage de démocratie. De plus, parce que le pays est exsangue à cette époque, la reconstruction nécessaire ainsi qu’une élévation très forte du niveau de santé, d’éducation, et donc de qualification était primordial… C’est ainsi que le statut reposera sur 3 principes: ÉGALITÉ (de service sur le territoire et d’accès pour les agents), INDÉPENDANCE (le fonctionnaire est un citoyen qui doit avant tout servir l’intérêt général définit par la loi, il ne doit donc pas subir de «pressions» des supérieurs ou des usagers pour accomplir avant tout sa mission), RESPONSABILITÉ (le fonctionnaire est responsable devant les citoyens de son action) C’est ainsi qu’est définit le STATUT général des fonctionnaires en 1946 par Maurice Thorez, ministre communiste,qui met en place:

  • un recrutement par concours (Égalité et compétences), qui découle de l’article 6 de la déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen «….Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.»
  • une carrière qui donne des devoirs (exercer sur tout le territoire notamment) et des droits à l’agent (traitement indexé à l’inflation, avancement, droits syndicaux). La grille des indices fait du COMMUN entre agents de la fonction publique (grille commune pour les indices de rémunération et la valeur du point d’indice est commune à tous). Cette carrière permet de conserver les agents formés et compétents au sein de la Fonction Publique pour servir l’Intérêt Général.
  • des instances paritaires (autant de membre de l’administration que de représentant du personnel) qui permettent d’avoir un espace de «contrôle» des actes administratifs pour éviter l’arbitraire et l’autoritarisme pour les agents, mais aussi de proposer des améliorations pour le service public.

Mais pour les néolibéraux, ce statut novateur et démocratique pose problème pour développer un Nouveau Management Public qui n’a que faire de l’intérêt général, du principe d’égalité, de l’éthique de la responsabilité et du service public en général. La volonté est de servir les intérêts particuliers de quelques-uns pour la rente financière notamment. On l’a vu lors de la privatisation des autoroutes, des barrages hydro-électriques, etc..

C’est pourquoi le gouvernement a lancé son projet CAP 22 pour réformer la Fonction Publique puis en a décliné les propositions dans un projet de loi de transformation de la Fonction publique. On voit ici poindre une conception autoritaire antérieure au statut qui nécessite la levée de toute contrainte à l’exercice d’un pouvoir hiérarchique qui ne souffre pas la discussion. N. Sarkozy avait tenté une réforme similaire, mais le fait que les services publics (et la fonction publique) aient été plébiscité lors de la crise de 2008 (comme des réels amortisseurs de crise) ne lui a pas permis d’aller au bout de sa volonté de casser la fonction publique.

Aujourd’hui la fonction Publique représente 5,3 millions de personne, soit 20% des actifs. Il existe 17,3% de non titulaires.Voici quelques éléments du projet de loi pour dynamiter la fonction publique et la notion de service public!

Le contrat plutôt que la loi !

Le projet prévoit de déroger au principe de recrutement de titulaire sur les emplois permanents au sein de la FPE. Il favorise le recours au contrat (même sur les emplois de directions) et créé un «CDD de projet».

Ce ne sera donc plus la loi qui définira pour l’ensemble des fonctionnaires les missions et les droits. Le statut (et donc la loi) permet un débat transparent sur la définition de l’intérêt général et donc sur les droits et devoirs des fonctionnaires.

Le recrutement de contractuels n’est pas nouveau dans nos métiers, et nous travaillons à faire respecter leurs droits, à ouvrir les voies de titularisation. D’ailleurs, sans l’engagement des personnels non titulaires, les services publics ne pourraient fonctionner. Mais il n’est pas digne de maintenir ces personnels dans la précarité. Nous voyons aussi que la hiérarchie tente souvent de réduire les droits de ces personnels (forfait AS notamment) car les pensant plus «dociles» car liés par un contrat. Le développement des solidarités professionnelles et syndicales permettent d’intervenir quand nous sommes alertés.

«Mieux reconnaitre les mérites individuels» pour briser les collectifs de travail et rendre moins efficace le service public !

Le «mérite» revient sur la table en permanence pour permettre un SP efficace! Pour améliorer le travail des agents, il faudrait simplement développer le «mérite». Les enseignants ne s’investiraient pas au maximum pour faire réussir leurs élèves, les infirmier.es ne font pas de leur mieux pour soigner le patient, les chercheurs «retiennent» leurs idées dans l’attente d’une hausse salariale ? Aussi ubuesque que cela paraisse, cela reste une «permanence» des libéraux, sans aucun doute parce qu’eux ne connaissent l’engagement dans le travail que par la rétribution financière ! Pourtant différentes études menées au États-Unis montrent «qu’il n’y a pas de preuves pour soutenir le postulat selon lequel la rémunération à la performance améliorerait la réussite des étudiants». Il est aussi pointé un «coût» et des ressources considérables pour développer un tel système (évaluations, mesures…) «le coût total des heures complémentaires utilisées pour rémunérer les enseignants au mérite était l’équivalent du salaire de 12 professeurs à temps plein !».1

Et comme par hasard, le «mérite» apparait au moment où le point d’indice est gelé! Ce n’est donc pas un mérite pour «valoriser», mais pour éviter de trop perdre!

La mise en place du mérite n’améliorera pas le système, créera des injustices (notamment hommes/ femmes), des décisions discrétionnaires et arbitraires (c’est toujours le cas et pointé par les études), et coûtera grandement. Si ce n’est pour améliorer le système, l’objectif est ailleurs: manager au mieux en brisant les collectifs (et revendications collectives salariales). Alors que l’amélioration du service public passe par le travail en équipe!

Paritarisme, Fusion des CT et CHSCT : cacher la réalité du travail et des difficultés pour mieux manager !

Le projet vise à regrouper les Comités Techniques et les Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail. Pourtant ces instances ont aujourd’hui des rôles différents et importants pour le service public et les conditions de travail des agents. Les comités techniques pour mettre en œuvre les politiques (créations de postes, carte des formations, etc..) et les CHSCT (mis en place en 2013) pour évoquer la «santé au travail» (hygiène, sécurité, conditions de travail). Ces CHSCT mettent en lumière le problème du management et du «travail empêché» qui posent soucis dans de nombreux établissement. Mais cela gêne la volonté de développer les «managers de proximité» (terme employé dans le projet CAP 22)

Paritarisme Commissions Administratives Paritaires : Pour développer l’arbitraire et l’opacité, fini les instances de «contrôle» et de propositions !

Le projet prévoit que les CAP n’étudient que les décisions individuelles défavorables aux agents hormis la mobilité, les mutations, promotions et avancement ! Ainsi, il n’y aura pas de transparence pour les mutations et l’avancement, une étude en CAP ne sera possible qu’en cas de recours administratif préalable ! Impossible de questionner l’administration «simplement», il faudra pour cela que l’agent ait réalisé un recours : cela simplifie la vie des agents !

Outre l’amélioration des barèmes, le travail des commissaires paritaires est de faire respecter les droits de chacun, de porter des revendications d’équité et de justice, de vérifier que les actes (mutations, avancement) soient réalisés de façon transparente, avec ce projet ce ne serait plus le cas. Place à l’opacité et l’arbitraire : une vraie contre-réforme démocratique !

Le projet prévoit aussi de regrouper les CAP non plus par corps, mais par catégorie (A,B, C) ou «grands univers professionnels». Cela voudrait dire la fin de CAP spécifiques de professeurs d’EPS pour aller vers des CAP de catégorie A (ou d’enseignants) : une réelle difficulté pour faire vivre la spécificité de notre métier dans les instances !

Les sanctions décidées par l’employeur seul !

Le projet modifie la loi pour permettre au supérieur hiérarchique direct de prononcer une exclusion temporaire de fonction de 3 jours. Alors qu’aujourd’hui les sanctions disciplinaires existent et passent par les CAP en présence d’élus du personnels, cette sanction serait prise sans aucune procédure disciplinaire et serait inscrite au dossier du fonctionnaire et potentiellement effacée au bout de 3 ans. Est-ce cela, renforcer le pouvoir des «managers de proximité» ?

Plan de départ volontaire : inciter au départ !

Alors que la mise en place de la carrière et du statut ont été réalisé avec la volonté d’inciter les agents à travailler pour le service public et l’intérêt général, le gouvernement fait tout le contraire. Depuis des années, les conditions de travail (effectifs, cadences, sens du travail) se dégradent en rendant le travail plus pénible. Pour ajouter à cela, le projet de loi prévoit de «Développer les dispositifs et aides au départ vers le secteur privé», notamment en améliorant la prime de départ. C’est une réelle incitation à partir, alors que les besoins sont énormes pour la santé, l’école, etc….

Alors que les défis qui s’ouvre à nos sociétés sont immenses (écologie, santé, éducation…) il est nécessaire de développer grandement les services publics, c’est pourtant le chemin inverse qui est choisi par le gouvernement, ainsi qu’une «caporalisation» des agents qui va à l’inverse du développement démocratique nécessaire pour les collectifs de travail.

Ce projet devra être stoppé au plus vite, il est nécessaire d’informer au maximum sur ce projet rétrograde qui va détruire les principes des services publics en France. Nous appelons à une mobilisation générale d’ampleur.

Il est à souligner que cette réforme est avant tout idéologique car la fin du statut n’entrainera pas automatiquement des économies comme le rappelle le Comité Économique Social et Environnemental.

Le CESE dans un avis voté unanimement en janvier 2018 le dit sans ambiguïté:

«C’est […] le statut et la séparation entre la carrière et l’emploi qui permettent de garantir la responsabilité, l’indépendance et le traitement équitable du fonctionnaire-citoyen, tout en permettant à l’administration de maîtriser les affectations sur les emplois à pourvoir. […] Ce dernier (le statut) et son corollaire obligé, le principe d’adaptabilité, ont montré leur capacité à faire face à des enjeux d’évolution importants. Il n’est pas démontré que leur abandon apporterait des avantages importants, y compris en matière budgétaire»

 

SNEP-FSU National

 


  1. Alain Chaptal, Thomas Lamarche et Romuald Normand, «Le merit Pay aux Etats-Unis: une idée simple, une mise en œuvre problématique», Payer les profs au mérite ? Syllepse 2007

Liste d’aptitude Agrègés 2019

 

La CAPA pour l’accès au corps des agrégés permettant de proposer les candidats de l’académie de la Guadeloupe à la CAPN s’est déroulée le lundi 18 mars 2019.
Chaque candidat a reçu une réponse indivividuelle par les commissaires paritaires.
La FSU a lu une déclaration liminaire (ci-jointe). Les autres syndicats n’ont pas proposé de déclaration liminaire.
La CAPA a examiné le dossier de 142 candidats pour toutes les disciplines et devait proposer 15 dossiers pour la CAPN.
Le recteur a consulté les organisations syndicales et a ensuite pris sa décision en demandant des votes pour chaque cas où des divergences apparaissaient entre les organisations syndicales entre-elles ou avec l’administration.
L’administration dispose de 10 voix et les représentants des personnels, 10 voix, mais chaque vote n’est que consultatif.
Concernant la discipline EPS, 11 collègues ont déposé un dossier, dont 2 collègues à la classe normale.
Il existe au niveau national 22 promotions possibles, soit moins d’une par académie.
Les dossiers de la classe normale ne sont pas retenus car il est toujours possible pour ces collègues de continuer à progresser dans leurs corps d’origine et d’être promus à la hors classe et à la classe exceptionnelle.
Les élus de la FSU avec deux représentants EPS sur les 6 élus, ont défendu en priorité les dossiers des collègues admissibles et bi-admissibles au concours de l’agrégation, mis en avant les diplômes obtenus et les charges spécifiques dans le cadre d’activités à caractère académiques et nationales.
Les chefs d’établissements ont émis un avis et les IPR également. Nous notons que notre IA-IPR a largement accordé un avis très favorable à plusieurs collègues, justifiant son choix par une appréciation littérale qui permettait difficilement de départager les candidatures.
Après une discussion longue sur les dossiers EPS, le recteur a arrêté son choix sur un dossier parmi deux.
La FSU a voté CONTRE (6 voix), le SNALC a voté CONTRE (1 voix), le SNCL (1 voix) et le SPEG (2 voix) ont voté POUR, l’administration a voté POUR (10 voix). Le recteur a choisi le dossier ayant reçu le plus de voix.
Les autres candidatures pour les autres disciplines ont été conformes aux propositions de la FSU (14 autres dossiers remontés en CAPN).
Le recteur a procédé à un vote pour la liste globale.
Le SPEG(2), le SNCL (1), le SNALC (1) l’administration (10) ont voté POUR.
La FSU (6) a voté CONTRE.

Les commissaires paritaires Agrégés SNEP-FSU

Ne laissons pas le SPAM (Sport l’Après Midi) nous trier ?

 

A grand renfort de médias, le ministre BLANQUER a ressorti sa mesure phare du temps où il était recteur à Créteil et dont l’expérimentation n’avait convaincu que 120 établissements sans résultat significatif. Il s’agit bien sûr du serpent de mer : école le matin et SPort l’Après Midi (SPAM).

Comme tous les chantiers ouverts par le ministre BLANQUER, il s’agit une fois de plus d’une mesure présentée comme de « bon sens » mais qui en fait, à la lumière de quelques éléments, s’en éloigne tout aussi vite que les clichés nous en avaient rapprochés. Il en ressort en effet une idéologie nettement plus conservatrice que progressiste.

Le sport comme négation d’une culture scolaire de l’activité physique

Derrière cet affichage angélique pour tous les non-initiés aux enjeux de notre discipline, se cache en fait une possible idéologie moins reluisante. Celle-ci pourrait à l’avenir nier l’existence légitime d’une culture scolaire de l’activité physique. En effet, SPAM consisterait à aménager deux temps dans la scolarité des élèves : un temps intellectuel (le matin) et un temps sportif (l’après midi). En ce sens, il ferait renouer l’école avec un dualisme cartésien et une hiérarchie des disciplines révolus. En effet, le corps, le sport, l’activité physique, les émotions qu’ils suscitent, … sont aujourd’hui considérés comme des éléments essentiels d’une culture scolaire qui doivent pour une meilleure acquisition se mêler aussi bien dans les espaces que dans les temps avec les autres disciplines scolaires. Et pour cause ! Ils n’ont pas seulement un impact sur le développement physique, le plaisir et le maintien en bonne santé mais aussi sur la culture générale et le développement cognitif et langagier des élèves. C’est d’ailleurs également pour ces raisons qu’un corps de professeurs d’EPS a rejoint l’Éducation Nationale en 1981 afin de prendre en charge un enseignement requérant une maîtrise interdisciplinaire importante et une connaissance transversale des Pratiques Physiques Sportives et Artistiques. Revenir à une organisation où le corps serait traité indépendamment de l’esprit et où sa place diminuerait dans les enseignements, consacrerait un retour en arrière vers une idéologie réactionnaire niant la place essentielle de l’activité physique dans le développement intellectuel des élèves mais aussi niant la culture sportive et physique comme élément essentiel d’une culture commune. C’est pourtant bien ce que semble mettre en place mesure après mesure le ministre BLANQUER. La diminution des horaires EPS en LP, la suppression des évaluations spécifiques de l’EPS au DNB et au Bac, la suppression des enseignement d’exploration et d’approfondissement au lycée, … en sont des exemples concrets. Si SPAM devait s’ajouter à la liste, cette mandature acterait une vision incroyablement rétrograde qui isolerait l’EPS des autres disciplines dans un temps à part tel que cela n’existait plus en France depuis très longtemps. Cet isolement, outre les difficultés insolvables qu’il soulèverait en terme d’équipements sportifs disponibles, nous laisserait également une nouvelle fois penser qu’un de ses objectifs serait de répondre à une libéralisation croissante de l’Éducation en externalisant tout ce qui peut l’être, l’EPS en tête. Le risque serait grand et désastreux pour la pratique physique de tous.

Le sport comme outil de tri social

Contrairement à ce qui est sans cesse martelé dans les médias afin de légitimer les réformes libérales de notre système éducatif, le niveau des élèves n’a pas baissé. Les meilleurs élèves sont toujours parmi les mieux formés des pays de l’OCDE et attirent toutes les grandes entreprises. Le niveau moyen des élèves augmente. Cependant, les inégalités se creusent avec les élèves les plus en difficulté qui requièrent une prise en charge plus soutenue.
Pour réduire ces inégalités, le ministre BLANQUER a fait le choix de concentrer toutes ses marges de manœuvre budgétaire en Éducation Prioritaire sur le dédoublement en CP et CE1, arguant que les inégalités scolaires n’étaient que le fruit d’une acquisition incomplète des fondamentaux : lire, écrire, compter. Bouger n’en est pas un pour lui … A moyen constant, la FSU l’invitait plutôt à maintenir et renforcer une politique d’accompagnement personnalisé de haut niveau tout au long du cursus scolaire de l’élève. Pour cela, elle mettait en avant également l’influence importante au fil de la scolarité d’un capital culturel et économique familial dans le creusement des inégalités scolaires.
Aujourd’hui, réforme après réforme le ministre BLANQUER accentue cette vision d’un système qui au delà des simples fondamentaux doit traiter les élèves avec un égalitarisme quasi religieux renonçant à compenser les inégalités persistantes ou naissantes. Chaque famille, chaque élève est responsabilisé dans ses choix sans que l’institution soit renforcée pour les y aider. Les mesures en ce sens s’accumulent : complexification du choix de l’établissement, complexification du choix des enseignements, complexification de la poursuite d’étude dans le supérieur (parcoursup, augmentation des frais d’inscription, …), réduction des enseignements généraux permettant la réorientation, réduction du taux d’encadrement par l’augmentation des effectifs et l’augmentation des heures supplémentaires des enseignants, … Sans doute existe-t-il des raisons austéritaires mais l’accumulation, une à une, de réformes poursuivant la même logique libérale nous permet avec de moins en moins de doutes d’affirmer qu’une logique de tri social pourrait être à l’œuvre dans la politique du ministre BLANQUER. Un tri social entre ceux qui sont adaptés au système car disposant d’un capital culturel et économique adéquate et les autres.
SPAM pourrait s’inscrire dans cette logique libérale qui érige chacun comme seul responsable des choix qu’il fait pour lui ou ses enfants. En effet, la pratique physique y serait volontaire et par conséquent ce serait les élèves et leurs familles qui devraient choisir de s’y inscrire ou non. Or, le choix de faire pratiquer à son enfant telle ou telle pratique physique (ou carrément aucune) n’est pas neutre d’un point de vue du capital social et économique. Le choix du ministre serait par conséquent encore une fois de favoriser une école qui trie socialement plutôt qu’une école qui corrige les inégalités. Une école des fondamentaux plutôt qu’une école d’un socle commun de connaissances réellement émancipateur. C’est un véritable renoncement idéologique. L’abandon de valeur humaniste qui exigeait de notre système scolaire qu’il corrige les inégalités liées au capital culturel et économique bien au delà des simples fondamentaux. L’abandon d’une école construite prioritairement pour les élèves n’ayant que l’école pour réussir. L’image trompeuse du sport favorisant l’émergence des classes populaires à haut niveau ne doit pas être confondue avec la réalité des pratiques de masse et de l’entre soi social qu’il génère dans la société s’y nous n’y prenons pas garde. Nous ne pouvons accepter qu’un dispositif de tri social tel que SPAM puisse se mettre en place progressivement en lieu et place d’une EPS obligatoire pour toutes et tous.

Le sport comme outil d’un nouveau paternalisme hexagonale

A propos de SPAM, ce qui nous interpelle encore un peu plus et nous inquiète, ce sont les réactions que nous avons suivi en sa faveur dans notre archipel Guadeloupéen. Ces réactions, souvent très peu voire pas du tout argumentées, ne semblent s’inscrire que dans une volonté de renouveau voire de modernisme s’affranchissant d’une réflexion plus approfondie sur l’intérêt pour les élèves d’une telle refonte des rythmes scolaires. Si nous défendons une Éducation et des programmes nationaux, riches de la diversité culturelle de tous les territoires de la République, nous défendons également l’idée d’une mise en application intelligente et adaptée à notre contexte régional. Pour cela, il nous faut encore une fois ici rappeler que les éléments essentiels à prendre en compte pour un enseignement d’EPS sous nos latitudes sont la chaleur et le manque d’équipements sportifs couverts disponibles. En effet, il est régulièrement mesuré par les enseignants d’EPS sur les plateaux sportifs, pendant la pause méridienne et durant l’après midi, des températures dépassant les 30°c. Cette température est fixée pourtant comme un maximum par les médecins pour pratiquer dans des conditions bénéfiques pour la santé. Ces températures montent même à 50°C régulièrement. Si ces mesures sont aussi importantes c’est qu’il nous faut également rappeler que notre archipel ne dispose que de 3 installations sportives pour 1000 habitants quand l’hexagone en compte 5 pour 1000. Il manque par conséquent 800 installations sportives en Guadeloupe pour rattraper notre retard d’équipements et parmi elles une grande majorité d’installations couvertes.
SPAM s’il devait se concrétiser au niveau national et s’appliquer en Guadeloupe, consisterait alors en un nouveau paternalisme hexagonal sportif ne tenant aucun compte du contexte régional. C’est pour nous inacceptable et régressif pour nos enseignements. Comment donner plaisir, envie, faire entrer nos élèves en réflexion pour résoudre les problèmes posées par les APSA, … alors que la réverbération du soleil et la chaleur les placent d’emblée dans des conditions de pénibilité dignes d’un autre siècle. Aucun adulte ne l’accepte aujourd’hui. Aucun sportif ne s’entraîne à ces heures délibérément. Nous le constatons tous les jours quand nos chefs d’établissement, collègues viennent nous donner une information sur nos espaces sportifs non couverts … A peine l’information transmise et les 1ère suées acquises qu’ils nous font comprendre que si nous souhaitons poursuivre la conversation la climatisation de la salle des profs ou de leur bureau serait plus adéquate … Pas pour les élèves visiblement …

SPAM est une mauvaise réponse à des questions qui ne se posent pas …

SPAM est donc pour nous une très mauvaise réponse à des questions qui ne se posent pas … L’inclusion de l’EPS dans le temps scolaire ne pose pas de problème et répond au contraire à une exigeante culture scolaire. Cette inclusion pourrait cependant encore être facilitée par les collectivités locales en investissant dans des installations sportives de proximité plutôt couvertes dotées de vestiaires, de douches, de points d’eau et d’ombres mais aussi dans des salles de cours confortables (climatisation, insonorisation, …) facilitant la récupération après l’EPS. Cette inclusion de l’activité physique dans la société est d’ailleurs de plus en plus développée dans les entreprises avec des salles ouvertes et en libre accès à toutes heures de la journée pour leurs salariés : avant, après les réunions, plusieurs fois par jours, …. Des moments de mise en activité corporelle et collective sont d’ailleurs la norme dans de nombreux pays d’Asie et ont lieu dès le matin …

Le SNEP-FSU Guadeloupe s’oppose donc à cette vision d’une école du tri social par le sport et invite plutôt le ministre BLANQUER à améliorer l’EPS pour tous les élèves en :

Môle, cadrage débordement, jeu déployé …

Ce que nous avons réussi jeudi 14 fevrier est tout simplement remarquable. Rares sont les mouvements mis en standby et qui reprennent avec cette force.

Le mouvement étant encore aujourd’hui très fort, le Recteur n’a pu éviter une nouvelle fois l’épreuve de la négociation. Nul doute que cette capacité du mouvement à marquer des arrêts et repartir de plus belle renforcera durablement le rapport de force en notre faveur.

Une mêlée qui rebondit de lutte en lutte et de manif en manif …

Les travailleurs de Milenis ont souhaité aujourd’hui suivre notre cortège et par conséquent soutenir notre lutte. C’était pour eux une façon de nous rendre la pareille et de reconnaître l’aide qu’ils avaient reçu à un moment décisif de leur combat. Entre complexe et timidité, s’inscrire dans une manifestation d’enseignants n’est pas une chose facile mais ils ont su le faire impeccablement et marquer au son de leurs chants toute la manifestation et plus particulièrement l’arrivée devant le rectorat. Tel un pack déterminé d’avants leurs chants ont raisonné devant le rectorat presque comme un haka d’avant match cherchant à effrayer l’adversaire. A voir les consignes données à l’intérieur du rectorat interdisant aux femmes d’aller aux toilettes situées dans son enceinte et habituellement ouvertes aux manifestantes, l’effet a réussi. Merci à eux !

Cadrage débordement de la FSU sur le recteur …

Cette formidable capacité du mouvement actuel à se battre collectivement et à rebondir de dates en dates nous permet à intervalles réguliers de mettre sur le recul le Recteur et toute la politique gouvernementale en terme d’Education. Alors que les débats semblaient reprendre sur la même guerre de position entamée il y a 2 semaines où chaque protagoniste cherche surtout à ne pas se mettre hors-jeu et donc à la faute, le SNEP-FSU et la FSU ont décidé de prendre des risques en croisant les courses, tentant les intervalles jusqu’à trouver le cadrage débordement qui ferait reculer sérieusement le Recteur dans sa politique destructrice pour l’école Guadeloupéenne. Pour ce faire, comme à chaque fois pour pareille manœuvre où virtuosité se conjugue avec automatisme c’est l’entrainement qui a payé et la préparation entre le SNEP et le SNES s’est avérée déterminante. C’est ainsi qu’au bout d’une heure d’échanges, les questions de la FSU ont commencé à percuter entre les lignes, celles des colonnes du tableur incomplet que le secrétariat général s’acharne à fournir aux représentants en Commission Technique Académique. En croisant les données, petit à petit à chaque question les lignes adverses se sont désolidarisées, les intervalles se sont ouverts et lors d’un dernier cadrage débordement la FSU s’est échappée sur pas moins de 29 ETP. Celles-là même que le rectorat cachées à tous et dont il a le secret depuis surement plusieurs années avec une politique zélée. Le recteur a, en effet, reconnu que son administration prélevait 115 ETP sur les moyens du second degré de l’académie en lieu et place des 86 exigés par le ministère. Redoublant l’accélération, les feintes de passes, de nouvelles ouvertures (sous effectif enseignants : 100 classes sans EPS à la rentrée, taux de pénétration faible à l’UNSS alors que le nombre d’élèves par animateur est bon, financement des SEGPA en HSA, …) le SNEP, le SNES et la FSU aurait pu marquer l’essai. Malheureusement nous nous sommes vu rattrapés à 10 m de la ligne par un repli habile et le glissement tactique de leur arrière bien placé en couverture le secrétaire général. « Ce delta est classique et va se résorber avec les ajustements. Nous vous fournirons le détail lors du prochain CTA de mars ».

A 10 m de la ligne, petit côté ou grand côté ?

Stoppé tout proche du but, le SNEP au sol protégeant les 29 ETP comme on protege un ballon dans un ruck, évitant les coups du doyen la tête bien rentrée, la FSU bien en protection et prête à faire rebondir le jeu, le SNES en position de demi de mélé à la vue du positionnement de son demi d’ouverture prépare le grand côté et tente un pick and go qui fait reculer à 5 m de sa ligne le recteur. Acculé, une seule solution pour lui : « D’accord pour la conversion des HSA en HP pour les établissements qui en font la demande ». C’est le signal que choisi la FSU pour ouvrir sur le grand côté et multiplier les impacts dans tous les établissements dans les semaines à venir. Le grand côté c’est celui de tous les collègues, dans tous les établissements. Celui des refus de DHG, des demandes d’audience, des lettres de refus des HSA, du vote des motions demandant la conversion des HSA en HP, des convocations de CA extraordinaires, des démissions de PP, de la collecte des TRMD de tous les établissements, du recomptage des effectifs, … Certains ont déjà poursuivi le mouvement aujourd’hui (Clg Bambuck) d’autres viendront encore les rejoindre, …. Tous dans la lutte pour défendre l’éducation en Guadeloupe !!! Arrachons au moins ces 29 ETP et si possible allons bien plus loin !!! Les HSA au delà de la 1ère heure obligatoire représentent 51 ETP en collège, 123 ETP en lycée, 40 ETP en LP. L’adversaire est désorganisé, les intervalles ouverts, jouons collectifs et marquons l’essai !!!!!

Un nouvel arrêté pour l’EPS au DNB

 

Face au recul de la place de l’EPS constaté dans les collèges, LP et lycées concernant les évaluations et horaires d’enseignement, le SNEP-FSU réagit. Il invite la profession à reprendre en main son métier et par conséquent un de ses aspects : l’évaluation du cursus des élèves en EPS.

Il publie pour cela un nouvel arrêté créant un Diplôme National du Brevet alternatif et demande au ministre Blanquer de le publier à son tour : Arrêté du 17/01/2019 – DNB alternatif EPS

Le SNEP-FSU invite les enseignants d’EPS à s’en emparer et à s’appuyer dessus pour mettre en œuvre leur projet d’EPS pour l’année 2019-2020.

Une évaluation spécifique de l’EPS

Le DNB étant le dernier examen commun pour tous les élèves, il est indispensable qu’une évaluation spécifique du cursus d’EPS puisse y être présente. Cette visibilité doit permettre de redonner son importance à notre discipline et fournir un point d’appui aux équipes afin d’offrir aux élèves un cursus commun quelque soit leurs origines sociales, réussites scolaires, territoires, … L’enjeu est grand pour les élèves en terme de santé, d’accès à la culture des APSA, développement moteur et de gestion de leur activité physique tout au long de leur vie.
Le décret propose donc une évaluation spécifique de l’EPS au DNB sur 100 pts obtenus par la somme des évaluations de 5 APSA.

Un équilibre entre les APSA mais aussi entre découverte et approfondissement

5 APSA seront évaluées sous forme de Contrôle en Cours de Formation (CCF) pendant le cycle 4 avec un minimum de 40 h de pratique.
Parmi elles :

  • 3  APSA seront nécessairement évaluée en 4ème et 3ème,
  • une activité artistique,
  • une activité d’approfondissement (60 h de pratique).

Une épreuve issue d’un processus co-constructif entre les enseignants visant à permettre à la profession de se réapproprier son métier

Dans le principe des programmes alternatifs, ce DNB alternatif est le fruit d’échange au sein de la profession pour lequel le SNEP-FSU assume son rôle d’animateur du débat. Des retours critiques peuvent être fait via chaque secrétariat académique et seront systématiquement transmis aux secrétaires nationaux en charge de ce dossier. Des amendements interviendront alors et de nouvelles versions pourront voir le jour une fois les premiers bilans de mis en œuvre effectués.

Ce décret doit être mis en œuvre le plus largement possible par les équipes car il doit permettre à la profession de se réapproprier son métier et par conséquent de mettre en œuvre ce qu’elle conçoit comme répondant le mieux aux besoins des élèves.

Le SNEP-FSU invite, par conséquent, les équipes à mettre à jour leurs projet d’EPS pour dores et déjà, dès la rentrée prochaine, préparer leurs élèves à cette épreuve du DNB alternatif d’EPS.

Reforme du lycée : Même les formateurs académiques n’y croient pas !

En vue de protester contre la mise en place des reformes du lycée, les AG d’enseignants des lycées de Sainte Anne, Petit Bourg et Sainte Rose avaient annoncé, dans leurs plateformes d’actions, boycotter les futures formations sur la mise en place des reformes.

Cela ne sera finalement peut être même pas la peine…

En effet, des démissions en cascade de formateurs académiques ont lieu et compromettont donc forcément la tenue de ces journées de « formatage » des enseignants.

Les principaux arguments évoqués par ces démissions en EPS sont :

  • l’engagement de ces formateurs dans des actions d’opposition à cette reforme dans leur propre établissement,
  • le manque de concertation des personnels et la non prise en compte des conclusions du séminaire lycée académique,
  • l’augmentation des inégalités par la baisse des horaires EPS en LP pour les élèves en ayant le plus besoin,
  • le bricolage d’une option EPS mal fichue (melange ancienne option et enseignement de complement, programmes ambitieux par rapport aux horaires faibles, coefficient bac peu attractif, mise en concurrence avec option maths et dédoublement en langues, …).
  • la perte d’une culture commune nationale au détriment d’une adaptation aux équipements disponibles localement,
  • l’absence de préparation à la filière STAPS.

Le SNEP-FSU Guadeloupe soutient ces démissions et invite tous les formateurs académiques à en faire de même pour marquer leur désapprobation face à un recul historique de l’EPS pour les élèves de LP et LGT mais aussi face au manque de concertation dont cette reforme est le fruit.

Nul doute que dans les autres disciplines, ces démissions ne devraient pas non plus se faire trop attendre …